À l’approche du temps des Fêtes, nous nous sommes entretenus avec Diane Dupont-Cyr, présidente du conseil d’administration de Moisson Outaouais, au sein duquel elle est administratrice depuis 8 ans.  Nous avons voulu connaître sa réflexion sur la réalité de la banque alimentaire régionale à ce temps-ci de l’année.

Pourquoi avez-vous décidé de vous impliquer auprès du CA de Moisson Outaouais ?

En tant que responsable d’une banque alimentaire de quartier, j’ai vu de mes propres yeux la pauvreté vécue par les familles de la région. Face à l’ampleur des demandes d’aide, j’ai rapidement constaté l’impact positif que Moisson Outaouais pouvait apporter à ses organismes affiliés. L’apport de ses denrées permettait à ces derniers, dans certains cas, de garder les portes ouvertes et, pour d’autres, de bonifier les services offerts. C’est ce qui m’a motivée à mettre mon expérience et mes connaissances à profit. J’ai voulu m’impliquer régionalement à la cause de la faim.

Ayant déjà été au front en tant que responsable d’une banque alimentaire du quartier, décrivez-nous une journée typique du temps des Fêtes.  

• Quel était le plus gros défi à relever?

Noël et ses paniers c’est une frénésie totale.  C’est la période où les organismes ont le plus besoin de bénévoles pour préparer les paniers personnalisés selon les besoins des usagers (personne seule, couple, famille, etc.) qui viendront les chercher.

Le temps des fêtes pour une banque alimentaire est aussi une période d’abondance.  Les diverses collectes de denrées, guignolées et autres garnissent les tablettes et souvent, celles-ci regorgent. Alors que nous voudrions donner au maximum parce que c’est Noël, il est important de se rappeler que ces denrées serviront aussi de réserve pour les mois suivants. Le défi est donc de prévoir en conséquence.

• Quel moment significatif gardez-vous en mémoire? Il y en a tellement que c’est difficile d’en mentionner un seul parmi tant d’autres.  Une maman en pleurs qui te remercie, car elle pourra mettre un repas spécial sur la table pour sa famille; un enfant qui tient serré contre lui un père Noël en chocolat et qui spontanément te saute dans les bras pour te dire qu’il est content; une personne seule qui est prête à retourner aux études; une autre qui t’annonce fièrement qu’elle est maintenant sobre et que c’est grâce à nous qui l’avons épaulé; une grand-maman heureuse de pouvoir offrir une gâterie à ses petits-enfants. Je pourrais en parler pendant des heures et des heures !

On dit souvent qu’il y a beaucoup de nouveaux visages qui fréquentent les banques alimentaires à ce temps-ci de l’année. D’après vous, quels sont les principaux facteurs?

Il y a dans notre société, plusieurs familles qui arrivent péniblement à se nourrir.  Mais, à Noël, elles veulent offrir un repas plus festif aux leurs et, malgré tous leurs efforts, elles savent qu’elles n’y parviendront pas.  C’est à ce moment qu’elles se tournent vers les banques alimentaires pour obtenir de l’aide. Ce sont d’ailleurs des personnes que les banques alimentaires ne reverront pas pendant l’année. Elles préféreront laisser la place à ceux qu’elles croient en avoir le plus besoin.

Les Moissons du Québec subissent elles aussi les contrecoups de la situation économique actuelle. Comment Moisson Outaouais s’est-il adapté pour répondre à la demande grandissante?

Moisson Outaouais n’échappe pas à la dure réalité que nous vivons.  Le prix des denrées et celui du carburant a aussi un impact négatif sur notre budget. Nous devons faire preuve de créativité pour continuer à supporter nos organismes le mieux possible.  Une des décisions les plus difficiles que nous avons dû faire est de réinventer nos paniers de Noël.  Cette année, ceux-ci seront remplacés par des repas de Noël où nos usagers recevront tout le nécessaire pour préparer un repas traditionnel.  Tourtières, pâtés au poulet, ragoût, légumes et tarte au sucre sauront régaler ceux qui les recevront.

En cette période particulièrement achalandée, quel message aimeriez-vous lancer à la communauté et aux donateurs? 

 À la communauté : si je pouvais m’adresser directement à ceux qui planifient un bon temps des Fêtes, je leur demanderais de penser à ceux pour qui ce sera plus difficile. Nous avons tous et toutes une personne pour qui choisir un cadeau est impossible. Pourquoi ne pas faire un don à leur nom et poser un geste concret.

À tous les donateurs passés, présents et futurs : merci de toujours faire preuve d’empathie et de bonne volonté malgré ces temps incertains. Votre bienveillance permet de venir en aide aux familles qui traversent des moments éprouvants. Que vous donniez de manière ponctuelle ou mensuelle, vous êtes un pilier dans la lutte contre l’insécurité alimentaire.

À tous nos 50 organismes affiliés et nos 23 partenaires, je dis : MERCI sincèrement de faire une différence.

Je vous souhaite, à tous et à toutes, un joyeux temps des Fêtes rempli de joie, d’amour et de paix.