Les demandes d'aide alimentaire sont en hausse en Outaouais
28 janvier 2025
Une augmentation préoccupante des demandes d’aide alimentaire se fait sentir dans la région de l’Outaouais. En 2023, la région a enregistré 109 424 demandes d’aide alimentaire, représentant environ 4,22 % des demandes totales au Québec. Cette région fait face à des défis uniques qui influencent sa réalité alimentaire. Ces problématiques sont amplifiées par des tendances observées à l’échelle provinciale, comme mentionné dans l’étude des Banques Alimentaires du Québec (BAQ) menée par Aviseo Conseil.
L’étude identifie quatre déterminants majeurs expliquant la hausse des demandes dans toute la province, notamment en Outaouais :
1. Dépendance économique accrue : Une part importante des ménages dépend des transferts gouvernementaux pour subvenir à leurs besoins, les exposant à des vulnérabilités en cas de fluctuations dans les subventions publiques.
2. Hausse des prix des loyers : En Outaouais, les loyers absorbent en moyenne 33 % des revenus des ménages locataires, une donnée alignée avec les grands centres urbains. Cette situation amplifie la pression financière sur les foyers à faible revenu.
3. Difficultés pour les nouveaux arrivants : La région accueille environ 3,8 % des nouveaux immigrants au Québec, qui représentent une part croissante des bénéficiaires des banques alimentaires. Ces populations font face à des obstacles comme l’accès au logement abordable et au marché de l’emploi.
4. Impact postpandémie : La pandémie de COVID-19 a laissé une empreinte durable, avec une augmentation des besoins alimentaires qui ne s’est pas estompée.
Tendances et projections à l’horizon 2027
Selon le modèle prédictif développé par Aviseo Conseil, les demandes alimentaires en Outaouais devraient croître de 4 à 5 % annuellement, atteignant plus de 120 000 requêtes en 2027. Cette hausse s’explique par la croissance démographique, l’arrivée de nouveaux immigrants et les inégalités persistantes.
Les services alimentaires devront s’adapter pour répondre à des besoins plus complexes. Toutefois, avec des ressources financières déjà extrêmement limitées, il est difficile d'imaginer comment les organismes pourront s’ajuster alors qu’ils sont déjà au bord de l’épuisement.
Moisson Outaouais : défis logistiques et financiers
Face à ces augmentations prévues, Moisson Outaouais, acteur clé de la lutte contre l’insécurité alimentaire dans la région, doit relever plusieurs défis :
1. Capacité logistique limitée
Avec une infrastructure actuelle déjà saturée, l’organisme aura besoin d’espaces plus vastes pour répondre à l’augmentation prévue des demandes alimentaires.
2. Dons stagnants
Les dons individuels, plafonnés autour de 1,4 M$, ainsi que la dépendance aux subventions gouvernementales, limitent la flexibilité financière de Moisson Outaouais. La volatilité des subventions constitue un risque significatif pour la pérennité de ses activités.
3. Dépendance aux subventions
L’incertitude concernant le renouvellement des subventions provinciales ou fédérales fragilise la planification à long terme.
4. Augmentation continue des besoins
Les projections montrent que les demandes mensuelles pourraient augmenter de 34 % à 49 % d’ici 2029, exigeant des ressources financières et logistiques bien au-delà de la capacité actuelle.
Des solutions nécessaires pour un avenir durable
L’étude d’Aviseo Conseil souligne l’urgence d’adopter des stratégies ciblées pour soutenir les organismes comme Moisson Outaouais. Parmi les solutions envisageables figurent une diversification des sources de financement, un appui accru des gouvernements et une meilleure intégration des initiatives communautaires.
En somme, la région de l’Outaouais illustre les défis complexes de la lutte contre l’insécurité alimentaire au Québec. Si des efforts concertés ne sont pas mis en place, cette réalité pourrait s’aggraver au détriment des ménages les plus vulnérables.
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