Se nourrir ou étudier ?

De plus en plus d’étudiant.es font face à l’insécurité alimentaire dans la région de l’Outaouais

Par Oumou Hawa Diallo

Une précarité alimentaire qui touche cette tranche de la population de l’Outaouais. De jeunes étudiants rencontrés cette semaine à l’Université du Québec en Outaouais et au Cégep de l’Outaouais nous racontent des défis alimentaires auxquels ils sont confrontés.

Pour plusieurs étudiant.es ici, en Outaouais, se nourrir est un luxe. Nombreuses sont les personnes qui éprouvent des difficultés à se procurer de la nourriture pour subvenir à leurs besoins. Cela inclut des situations où elles n’ont pas pu acheter suffisamment de nourriture ou elles sont contraintes de sauter des repas. Ce qui peut entraîner une baisse des performances académiques et une augmentation du stress lié aux études, comme le confie Diaraye, une étudiante internationale à l’Université du Québec en Outaouais (UQO) :

« À ma première session, j’ai eu de la galère, l’épicerie coute cher et je ne travaillais pas. J’avais du mal à me concentrer sur les études. C’est un ami qui m’a parlé des banques alimentaires et depuis ça m’a sauvé et jusqu’à maintenant ça continue de me sauver. »

Les banques alimentaires sont donc devenues des ressources essentielles pour nombre de personnes étudiantes.  Alexander, rencontré à la sortie du Cégep de l’Outaouais où il étudie nous le confirme :

« Je me contente de deux repas par jour, chaque semaine je vais à la banque alimentaire BASE avec mon coloc pour faire nos courses, c’est devenu comme une épicerie seulement c’est gratuit et ça nous arrange, avec le coût du loyer et des fournitures scolaires au moins l’épicerie, je ne dépense pas (beaucoup). »

Ces deux témoignages représentent une fraction de ce que nous avons entendu en discutant avec des personnes étudiantes de l’UQO et du Cégep de l’Outaouais. Or, si les besoins sont réels et causent des dommages, les étudiant.es sont rarement identifiés comme étant vulnérables à l’insécurité alimentaire. Conséquemment, il existe peu de données statistiques sur l’insécurité alimentaire chez les étudiant.es au Québec.

Nous savons cependant par les études menées jusqu’à présent que l’insécurité alimentaire touche entre 30 et 40 % de la population étudiante (Laban et al, 2020)[1], donc plus d’une personne étudiante sur trois vit de l’insécurité alimentaire en ce moment au Canada. C’est énorme.

L’Observatoire sur la réussite en enseignement supérieur (2023) analyse que l’insécurité alimentaire provoque une vulnérabilité accrue aux symptômes dépressifs et anxieux qui augmente le risque d’abandonner les études[2].

Une solution pour diminuer l’insécurité alimentaire étudiante à Gatineau ?

Pour mettre fin aux défis liés à l’alimentation, les étudiant.es rencontré.es suggèrent que les banques alimentaires de la région organisent des séances de distribution de bacs alimentaires au sein des institutions d’enseignements universitaires et collégiaux, ce qui permettrait aux étudiant.es d’avoir accès à de la nourriture directement sur le campus.

« Je souhaite qu’il y ait des journées où certaines banques alimentaires viennent sur le campus pour nous partager des bacs alimentaires, même s’il faut qu’on paye un peu. Cela nous fera gagner en temps et nous permettra d’économiser un peu plus », propose Diaraye, étudiante à l’UQO.

« Il faut aussi organiser des séances d’informations sur le campus pour sensibiliser à l’insécurité alimentaire et fournir des ressources aux étudiants qui pourraient en avoir besoin », complète Alexander, étudiant au Cégep de l’Outaouais.

L’insécurité alimentaire chez les étudiant.es en Outaouais est un défi complexe qui nécessite une action concertée à tous les niveaux. Des efforts communs des établissements d’enseignement, des gouvernements locaux et des banques alimentaires de la région pourront aider à créer un environnement où tous les étudiants ont accès à une alimentation saine et nutritive favorisant ainsi leur réussite académique et leur bien-être global.

[1]  Source : Laban, S., Jackson, E., Maynard, M. et Loring, P. (2020, 12 juin). Insécurité alimentaire chez les étudiants : un problème avant, pendant et après la pandémie. Affaires universitaires. https://www.affairesuniversitaires.ca/opinion/a-mon-avis/insecurite-alimentaire-chez-les-etudiants-un-probleme-avant-pendant-et-apres-la-pandemie/

[2]  Source : https://oresquebec.ca/article-de-dossiers/enjeux/se-nourrir-une-condition-pour-reussir/

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